22 septembre 2019

Comment c'est loin - A la recherche du temps perdu.

https://ploufquilit.blogspot.com/2019/09/comment-cest-loin.html

Salut !

Ça faisait longtemps que je vous avais pas parlé de film ici ! Je sais pas pourquoi c'est plus compliqué pour moi de parler de film que de livre... Un petit côté "je me sens moins légitime" à la con. Enfin.
Du coup, voilà pour mon troisième film sur le blog, j'ai décidé de vous parler d'un film français. Ouais, truc de oooouf.

C'est la deuxième fois que je le regarde (et edit de après, je l'ai regardé encore une fois pour cet article (je suis une personne qui s'investit (peut être dans les mauvaises priorités, mais hé, on n'se refait pas)). Avant ce revisionnage, hier, j'avais gardé un très bon souvenir de, bah mon premier visionnage.
Et quand je l'ai revu il m'a pris de court, parce qu'il a résonné en moi très fort. Je me suis que j'allais vous en parler du coup. Et vous le conseiller aussi.

Et truc de fou, j'ai tenté de faire un truc organisé, avec un peu de réflexion (parce que ça m'arrive de réflexoner (souvent par hasard, on en conviendra)).
Du coup plusieurs choses 1) c'est une réflexion perso, je ne suis pas parole d'Evangile, déjà je le connais même pas le mec (Evangile) 2) je vais vous spoilier quelques trucs (franchement ça va, c'est pas non plus de la grosse révélation, mais je préfère vous préviendre), du coup si vous êtes embêtés, allez donc le regarder (le film)(il est dispo sur Netflix), et après reviendez ! Ou si vous en avez pas grand chose à péter de vous faire divulgacher (le film), restez donc par ici, on est bien, il y a du cake au citron.

Et est ce que je ferais quand même pas avant un petit résumé ? Ou je vous laisserais avec la bande annonce, ça sera plus parlant que mes phrases pas toujours claires.




Comment c'est loin, la langueur... en boucle.
L'épisode de 24h le plus lent du monde. Parce que même si le temps presse, on continue la fuite en avant.
C'est l'histoire de deux potes. Qui font pas grand chose. Toujours les mêmes pas grand choses. Qui font semblant d'avancer pour pas trop réfléchir. Coincés dans un cercle vicieux à toujours refaire les mêmes choses, les soirées, les filles, le centre commercial, le boulot et vaguement derrière la passion, les projets qui s'éteignent dans la médiocrité de leur routine. C'est des mecs qui n'ont pas vraiment de problèmes mais qui sont paralysés à l'idée de réussir. Et qui du coup préfèrent rien finir plutôt que de rater :
"Si tu renonces à rien tu choisis pas faut que j'me barre de là
Et on parle et on parle de partir pendant qu'on reste là
Mais si on s'tire c'est vers le bas on s'y fait on vit presque pas"
Et ça donne un espèce de Groundhog Day un peu pathétique. Tous les jours c'est le même jour.
Et en fond on a les personnages secondaires qui se sont résignés aussi, qui vivent un peu avec la tête dans le sable. Le patron d'Orelsan, leur pote 2klo et même leurs copines, tous se laissent porter, subissent les choses, optent pour la passivité parce que c'est plus confortable que de prendre des décisions, que d'accepter que leur vie ne ressemble pas du tout à ce dont ils rêvaient.
Et leurs copines dans tout ça ? Elles sont pas vraiment présentes, la copine de Gringe fait limite un caméo. Et pourtant. Les filles sont importantes pour eux. Le sexe aussi, comme l'alcool, pour se sentir exister un instant et faire les mêmes conneries, et les refaire et encore et encore :
"J'ai l'cœur en mille morceaux donc j'me bousille le corps, non, j'attends plus la fête pour me mettre ivre mort"
Mais pour revenir à leurs copines, c'est finalement assez intéressant de voir à quel point elles sont leur antithèse parfaite. Ils se comprennent pas parce qu'ils sont complètement différents :
"C'est tout c'qui m'attire vers toi qui m'repousse
Toi t'es droite, loyale, vraie, fiable
Moi j'suis le pire de tous" 
dit Gringe. Et Orelsan, complètement perdu, grand gamin toujours la blague au coin des lèvres pour cacher son malaise, en couple avec une fille qui sait ce qu'elle veut et qui ne comprend pas son humour, son absence d'ambition.

© Comment c'est loin.
C'est des mecs un peu lâches, un peu cons, éternels ados complètement paumés à l'arrivée de la trentaine. Avec des rêves qui veulent pas se réaliser tous seuls.
Assis sur leur canapé tout la journée, même pas foutus de se faire du thé (ils se font chauffer de l'ice tea et ça doit être tellement dégueulasse), ils prennent des petites décisions qui jouent sur leur présent immédiat, pour satisfaire leurs besoins primaires (manger, dormir, baiser, faire la fête, boire) en se disant qu'ils seront sérieux demain. Et comme chaque jour est aujourd'hui, bah c'est un peu emmerdant. Et quand ils se retrouvent sur la sellette et qu'ils s'agit d'agir tout de suite, ça devient compliqué.

© Comment c'est loin.
"Je mens surtout à moi-même quand je répète que j'essaye, que j'essaye de faire de mon mieux"
 Essayer, faire le minimum syndical. Entre eux déjà, être potes sans forcément s'écouter, sans forcément s'entendre. Avec les autres, avec la musique, avec leur travail. Chercher vainement sa place, ou tout du moins avoir pour projet de la chercher. Demain.


Comment c'est loin Caen de nuit.
Comment c'est loin ça se passe à Caen et c'est intéressant de voir comme la ville est omniprésente. Alors je sais qu'elle est importante pour Orelsan parce qu'il en a parlé plein de fois dans ses chansons, mais la voir, dans ses rues, dans ses centres commerciaux, dans ses ponts et dans ses habitants c'est assez cool. On sent qu'elle est importante cette petite ville.

 © Comment c'est loin.
En plus elle les malmène parfois nos deux personnages, elle se moque un peu d'eux (la galère des transports en commun), elle essaye de les faire avancer même si c'est pour les voir tourner en rond. Elle et son temps dégueulasse qui dure et qui piège finalement nos deux zozos. Coincés dans la ville comme dans une faille spatio temporelle.
"On arrive d'un coin perdu où il s'passe rien, ces centres-villes éteints où tu vois jamais rien venir" 
Il fait vachement nuit dans Comment c'est loin. Il fait même plus nuit que jour. Parce qu'Orelsan bosse de nuit, du coup tout est décalé. Et on voit forcément Caen une fois le soleil couché.
"L'avenir appartient à ceux qui s'lèvent à l'heure où j'me couche"
Alors qu'Orelsan souhaite "bonne soirée" à une vendeuse à 8h du matin, le soir ils se mettent un peu en branle, ils sortent, ils retrouvent un peu la vie et tournent moins en rond. Et finalement, c'est quand le soleil se lève, au dernier moment qu'ils finissent par passer à l'action. Enfin.


Comment c'est loin de grandir.
Deux gamins qui continuent de se faire engueuler par leur père et qui d'un coup doivent faire un truc. Un truc concret, arrêter leurs conneries, essayer d'être sérieux et assumer que leurs rêves ne se réaliseront peut être pas en fait. Surtout quand les copains et ton patron te disent de laisser tomber.
"Si c'était si facile, tout le monde l'ferait
Qui tu s'rais pour réussir où tous les autres ont échoué ?
Oublie tes rêves prétentieux, redescends sur terre
Ou tu n'en reviendras jamais"
Et puis se dire que merde, tant pis, c'est ça qui les fait vibrer au fond, c'est ça qui peut les tirer de leur langueur.
Et d'un coup : agir. Peut être pas sur tout, peut être pas tout d'un coup, mais commencer à entreprendre, à réfléchir à ce qui déconne. Et oser prendre des décisions. Qui sont difficiles, qu'ils risquent de regretter, mais tant pis, cette fois ils choisissent enfin un chemin et ils y avancent. Fin de la passivité.
"Je veux plus être absent d'ma propre vie
À regarder nos petites histoires passer à côté de la grande"
Parce qu'il faut aussi grandir. A un moment la réalité les rattrape. Au lieu de vivre dans le présent, ils décident de regarder vers le futur. Un futur indécis mais qui peut encore être modelé, avant qu'il soit trop tard, avant qu'ils ne deviennent que l'ombre d'eux même, toujours dans la fuite. Commencer à compter sur eux avant de compter sur les autres et aussi, finalement aller dormir avant la fin de la nuit.


Comment c'est loin et moi.
Comment c'est loin, ça parle des passions. Celles dont on ose pas trop parler parce qu'on a peur que les autres se moquent, ou pire, qu'ils essaient de nous décourager.
"J'sais pas si le pire c'est que mes parents apprennent que j'rappe ou qu'ils apprennent que j'fume"
Ça parle du travail aussi, parce qu'avoir du talent c'est pas grand chose quand on en fait rien. Ça parle de passer à l'action, de passer la frontière entre rêve et réalité, et pour la franchir cette frontière, il faut s'y mettre. Travailler, oser se casser la gueule, accepter les refus, les critiques. Se mettre en danger. Sortir de sa zone de confort. Et se dire également qu'on fait des trucs bien. Qu'on est capable. Moi ça me donne envie de sauter sur mon clavier, ça me donne envie de créer des trucs. Parce que le plus compliqué c'est les premières lignes.
Et cultiver sa différence, accepter d'être soi même, de ne pas être comme les autres, être un peu barré à la marge. Et en faire une force.
Comment c'est loin c'est une petite comédie entre potes. Mais elle aussi le reflet d'une génération un peu perdue où on nous bassine tellement avec notre futur, avec "un vrai travail", qu'on finit par accepter de vivre pas vraiment heureux et à renoncer un peu à ses rêves.  A qui on fait miroiter qu'on peut être qui on veut, mais qu'on oblige surtout à rentrer dans les clous. Une génération blasée, qui a accepté, qui a trop accepté et qui subit sans vraiment oser se rebeller.

J'ai quand même pas mal blablaté moi dis donc ! J'espère que je vous ai pas tous perdus hé (il y a moyen que je me sois perdue toute seule tout de même) et surtout que ça vous a plu en fait, je crois que c'est la première fois que je vous propose un truc aussi détaillé ! Merci d'avoir lu jusqu'au bout en tout cas ♥
Pour finir, je vous conseille fortement de regarder Comment c'est loin, d'écouter la BO, et si vraiment, vous êtes trop allergique au rap, allez lire les paroles ! Et moi je vous laisse avec Inachevés, qui illustre la fin du film (attention au divulgachage !) et qui donne si envie de se bouger le cucul !


Allez, bisous ♥

8 commentaires :

  1. Ce n'est pas vraiment le type de film vers lequel je me dirige, surtout qu'Orelsan est assez spécial à mes yeux : parfois j'adore ce qu'il fait et d'autres fois il me sort par les yeux tant les textes sont pessimistes o/
    Mais ta chronique était intéressante à lire, et je trouve les messages vraiment importants ; c'est chouette si ce film t'as touchée sur quelques aspects :)

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    1. Son dernier album m'avait beaucoup plu, c'est pour ça que ça m'a donné envie de revoir le film =) Je vois ce que tu veux dire par rapport au pessimisme ^^
      Ouiiii, heureuse que tu l'aies trouvé intéressante =)

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  2. J'adore Orelsan, mais je dois avouer ne pas avoir vu ce film... J'avais un peu peur d'être déçue et que ça change ma vision. Bon, bah du coup : c'est bon, merci, je peux aller le zieuter ! ^^ :D

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  3. Ce n'est pas du tout mon genre de film, mais j'ai beaucoup aimé lire ta chronique, très intéressante :)
    J'ai peur que le film tape un peu trop "close to home" (je suis désolée de mon franglais, je ne trouve plus mes mots) pour que je puisse le regarder sereinement ;)
    Continue à parler de film en tout cas, tu le fais bien et tu es légitime ;)

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    1. Oooh merciii ♥
      Huhu je vois ce que tu veux dire dans ton joli franglais =) Après, j'en ai peu parlé, mais ça reste une comédie, donc ça permet d'alléger parfois le propos =)
      Haaaan T_T ♥♥

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  4. Ce n'est pas vraiment mon genre de film mais tu en as si bien parlé que je vais sans doute faire ma curieuse et aller le voir. ^^

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Merci pour votre passage et vos petits mots ♥

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